Tsunami ce jeudi 16 juillet. La Cour de Justice Européenne invalide le Privacy Shield, ce dispositif qui encadrait la protection des données personnelles entre les USA et l’Europe. Fini le filet de sécurité pour les entreprises américaines, et ce en raison d’une incapacité du gouvernement américain à démontrer une protection suffisante des droits individuels dans sa politique de surveillance généralisée incluant toute donnée personnelle exploitée sur son sol, que la personne concernée soit américaine ou d’ailleurs.
A la genèse d’une décision de justice essentielle pour la protection des libertés individuelles, il y a un jeune autrichien d’une trentaine d’années, Max Schrems qui s'émeut de la façon dont Facebook utilise ses données personnelles sans son accord. Nous sommes en 2008. Pugnace pour ne pas dire téméraire, notre héros lance une véritable croisade contre le géant américain et obtiendra l’invalidité du Safe Harbour, le premier texte qui régissait les transferts de données entre les USA et l’Europe, le 6 octobre 2015. Le Département du Commerce Extérieur américain et la Commission Européenne vont alors travailler d’arrache-pied pour rédiger un deuxième texte, le Privacy Shield, qui succédera au Safe Harbour le 12 Juillet 2016.
Mais notre autrichien estime que le bouclier de protection des données personnelles est aussi complaisant que le premier. Visiblement, la Cour de Justice Européenne, réunie en grande chambre, partage l'avis de l’autrichien dans son arrêt du 16 juillet 2020.
Ce genre d’histoire fera certainement l’objet d’un nouveau Blockbuster à Hollywood, mais en attendant que les Américains se saisissent de cette bonne histoire, réjouissons-nous que dans la vieille Europe un simple citoyen puisse avoir l'outrecuidance de s'attaquer au gouvernement américain et à sa politique de surveillance massive, qui n’a pas grand-chose à envier au système de surveillance du crédit social chinois.
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